Célébration des 100 ans du YIVO : week-end du 18-21 juillet 2025
Le deuxième week-end de notre université d’été sera dédié au centième anniversaire du YIVO, institut central de la recherche dans le domaine yiddish (fondé à Vilnius, et depuis 1945 à New York). Nous recevrons trois professeurs des Etats-Unis pour un cycle d’entretiens et de conférences.
- David Fishman, professeur d’Histoire juive contemporaine au Jewish Theological Seminary de New York. Conférence : « Le YIVO pendant la Deuxième guerre mondiale ». Entretien : « Mes souvenirs du YIVO de New York dans les années 1970 »
- Paul Glasser, ancien doyen du centre Max Weinreich au YIVO à New York. Conférence : « Le département de philologie du YIVO à Vilnius ». Entretien : « Mon travail de lexicographe yiddish aujourd’hui ».
- Elissa Bemporad, professeur d’Histoire (CUNY, center for Jewish Studies, New York), spécialiste de l’histoire des juifs d’Europe de l’Est : « La vision soviétique du YIVO dans les années 1920 ».
Le YIVO pendant la Seconde Guerre mondiale – David Fishman
En 1939, le YIVO tenait clairement le rôle d’institution académique centrale du judaïsme polonais et des juifs de langue yiddish dans le monde entier. Pendant la guerre, cette institution a partagé le destin tragique et héroïque des communautés qu’il représentait. Nous suivrons l’histoire des dirigeants, du personnel, des collections, des locaux et des publications du YIVO pendant les années 1939-1945. Il est révélateur que deux des trois responsables de l’institut à Vilnius aient péri pendant la guerre : Zalmen Reijzin aux mains des Soviétiques et Zelig Kalmanowicz aux mains des nazis. Seul Max Weinreich eut la chance d’émigrer aux États-Unis en 1940 et de pouvoir reconstruire le YIVO sur le sol américain. L’histoire du YIVO est celle d’un meurtre et d’une survie, d’un pillage et d’un sauvetage, d’une destruction et d’une reconstruction. Le YIVO est la seule institution juive au monde a être devenue, en tant qu’institution, un réfugié ayant survécu à la destruction des juifs d’Europe.
Le YIVO à travers les yeux des juifs soviétiques – Elissa Bemporad
Cet exposé examine les relations entre le YIVO et les institutions universitaires yiddish établies en Union soviétique après la révolution bolchevique, en particulier à Minsk, Kharkiv et Moscou. Si, durant la seconde moitié des années 1920, les relations entre le YIVO et les institutions culturelles et universitaires juives soviétiques ont perduré, avec quelques tentatives de collaborations académiques, après 1930 en revanche, ces relations se sont distendues, donnant lieu à des échanges politiques de plus en plus vifs. Cet exposé explorera également l’attaque lancée contre le YIVO et ses activités de recherche par la publication à Minsk en 1930 du volume Fashizirter yidishizm un zayn visnshaft (Le yiddishisme fasciste).
Conférences sur l’histoire et la culture du monde yiddish
« Travailleuses spirituelles » en Europe orientale juive, – Annabel Cohen
Dans les représentations typiques de la vie juive en Europe de l’Est, religion et spiritualité sont souvent présentées comme des domaines réservés aux hommes, qui prennent place au sein d’institutions patriarcales telles que la shul, le shtibl et le beys–midresh. Néanmoins, certains aspects de la vie religieuse – prendre soin des esprits des ancêtres décédés ou protéger la communauté contre le mauvais œil – étaient vus comme « l’affaire des femmes », selon les termes de l’écrivain yiddish Itsik Manger. Cet exposé présentera certains rôles professionnels féminins fréquemment mis en scène dans la littérature yiddish et qui jouaient un rôle important dans le monde religieux traditionnel des Juifs d’Europe de l’Est. Le cimetière étant un lieu où rituels et prières jouaient un rôle important, la présentation accordera une attention particulière aux « femmes des cimetières » ashkénazes et à leurs tkhines (prières) et klogenishn (lamentations).
Les Juifs, le Yiddish et les Brigades Internationales – Annabel Cohen
Entre 1936 et 1938, environ 35 000 volontaires sont partis en Espagne pour lutter contre Franco, Hitler et Mussolini au sein des Brigades internationales communistes, constituées à Paris par la Main d’Œuvre Immigrée (MOI), l’organisation du Parti Communiste Français en rassemblant les membres étrangers. On estime qu’environ 10 % des volontaires de cette « armée du peuple » pluri-nationale étaient d’origine juive, et nombre d’entre eux parlaient le yiddish ou étaient enfants d’immigrés ashkénazes. En s’intéressant à la manière dont ces combattants ont combiné résistance antifasciste et activités culturelles yiddish avant, pendant et après la guerre civile espagnole, cette présentation discutera le rôle particulier joué dans les Brigades internationales par un réseau d’activistes communistes juifs à Barcelone, Paris et New York.